De la ZUP N°1 à la ville : un schéma directeur à grande échelle
Le nouveau projet de renouvellement urbain du Grand Saint-Barthélemy / Grand Malpassé (GSBGM) s’attache, dans un territoire très étendu, à reconnecter les morceaux séparés, à mutualiser les forces, à favoriser les synergies… L’enjeu est de retrouver une cohérence d’ensemble et de réinscrire le secteur dans la métropole.
Une histoire commune
En chantier depuis plus de cinquante ans, ce territoire est né d’anciennes terres agricoles et de domaines bastidaires, qui se sont développées, au XIXe siècle autour de la ligne de train Avignon-Marseille. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, ce territoire vallonné loge les soldats algériens démobilisés qui attendent le versement de leur pension. Mais les délais se prolongent, leur famille les rejoignent alors ; ce qui augmente la population vivant sur cette zone. Des cités de transit sont réalisées pour résorber cette situation. À partir des années 1960, la ZUP n°1 est édifiée sur des parcelles agricoles. Plus de 10 000 logements sont construits durant cette période. Devant les difficultés sociales, économiques et urbaines, ces quartiers sont classés dans les années 1980 en zones prioritaires de la Politique de la Ville. .
Une transformation à poursuivre
Dans la lignée de la création de l’Anru*, d’importants projets de rénovation ont vu le jour. Lancés entre 2005 et 2011, les PRU des Flamants/Iris, du vallon de Malpassé, de Saint-Paul et de Saint-Barthélemy-Picon-Busserine ont amorcé de vastes transformations (1 500 démolitions, 400 reconstructions de logements sur site, 2 000 réhabilitations). En parallèle, le projet de la L2 s’engage. L’infrastructure permet, notamment, d’envisager de nouvelles coutures entre les quartiers mais l’intégration urbaine n’est pas aboutie.
Ces investissements massifs ont permis à la fois d’améliorer ponctuellement le cadre de vie sur les secteurs concernés et d’engager un processus de diversification fonctionnelle et résidentielle. Le secteur reste cependant encore fortement marqué par une masse de logements sociaux ou copropriétés dégradées qui entraînent une dépréciation lourde des cités.
En 2018, dans le cadre du nouveau conventionnement avec l’Anru*, il s’avère nécessaire de développer une stratégie globale d’intervention. On passe alors d’une multiplicité de projets éparpillés à un projet de territoire qui fédère les dynamiques en cours.
*Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine
Les enjeux du projet
Pour réintégrer les quartiers du GSBGM à la dynamique métropolitaine, le NPNRU s’attache à retrouver une certaine « banalité urbaine ». La démarche consiste à enrayer la dépréciation et la dégradation des conditions de vie.
Rendre attractive l’offre résidentielle
La dépréciation de l’habitat social se traite à travers la diversification résidentielle, grâce à une nouvelle offre de logements en accession à la propriété. La réussite de ce programme nécessite une baisse de la surdensité actuelle. Environ 1 000 logements sociaux et certains bâtiments en copropriété seront démolis. La requalification du reste de l’habitat existant se poursuivra, avec la réhabilitation et la résidentialisation de 1 000 logements sociaux. Certaines assiettes foncières seront notamment modifiées afin d’accroître les espaces verts résidentiels et l’offre de stationnement. 800 logements en copropriété dégradée seront rénovés.
Restructurer les espaces et reconnecter les quartiers
Les espaces publics seront réorganisés selon une structure claire et hiérarchisée, articulant rues, places, et parcs. Un maillage, complété de voies, pistes cyclables et cheminements piétons, désenclavera les quartiers, les connectera entre eux, aux équipements publics et aux BHNS (Bus à Haut Niveau de Service). Passer de la route à la rue devient le maître mot pour la requalification des voies principales inter quartiers.
Un investissement massif dans les équipements publics
Sur le territoire du Grand Saint-Barthélemy / Grand Malpassé, trois groupes scolaires GEP* et des équipements publics de proximité vont être restructurés par la Ville de Marseille. Cette présence est indispensable pour le renouvellement urbain de ces quartiers.
*Groupes d’expérimentations pédagogiques
Mettre en valeur le paysage
Le paysage naturel est révélé, en l’ouvrant davantage aux populations et en y développant des usages (jeux, agriculture urbaine, détente…) qui sont autant de leviers d’attractivité. Un nouveau parc urbain et une trame verte seront, notamment, les supports de mobilités douces et d’attractivité des quartiers.
Faire émerger des centralités
Dans un territoire multiquartiers, l’essor de l’animation urbaine doit se fonder sur une multiplicité d’actions complémentaires et multisites. Le centre commercial du Merlan, une destination pour l’ensemble du quartier, voire au-delà, nécessitera l’implication de tous les acteurs pour lui donner une nouvelle vocation de centre urbain. L’activité est développée autour de l’échangeur de Saint-Jérôme, consolidant le potentiel économique du site. Pour qu’ils jouent un rôle de centralité de proximité, les équipements publics doivent être mieux intégrés à la ville et leurs dysfonctionnements résorbés.
Ces enjeux se traduisent dans l’espace selon un grand schéma d’orientation, élaboré par l’agence D&A. Ce dernier s’organise selon deux axes majeurs qui se croisent au niveau du centre urbain du Merlan :
- un axe nord-sud, le long duquel se développe la future grande trame verte territoriale ;
- un axe est-ouest, tracé par la ligne de bus à haut niveau de service (BHNS), sur lequel s’appuie la nouvelle structure urbaine du territoire.
Un projet co-construit
Le nouveau projet de rénovation urbaine a vocation à renforcer toutes les dynamiques initiées dans les premiers projet de rénovation urbaine. La cohérence demandée à cette échelle hors norme exige une très grande multiplicité d’acteurs, ce qui nécessite la mise en place d’outils de travail spécifiques. Arpentage, concertation, séminaire d’immersion, maquette… tout est fait pour que le diagnostic et les enjeux soient partagés, que le dialogue soit continu parmi toutes les parties prenantes du projet.
Dans le cadre des interventions à venir, la Métropole, la Ville de Marseille et ses partenaires associeront les habitants, usagers et acteurs privés et associatifs aux projets à mettre en œuvre.
Le programme
La concrétisation du nouveau projet de renouvellement urbain s’effectue par secteurs :
Ce grand territoire qui regroupe les quartiers de Picon, la Busserine et les flamants a fait l’objet d’une profonde transformation depuis 15 ans qui va se poursuivre avec la requalification lourde de l’avenue Raimu, l’intervention sur l’habitat privé dégradé et notamment sur les copropriétés du Mail.
Sur ce secteur il est prévu la poursuite de la transformation vers la zone Bellevue/Corot avec la dédensification et la diversification du patrimoine social, la restructuration d’équipements et du maillage des rues, la valorisation et la mise en connexion des espaces paysagers.
Ce nouveau secteur permet de requalifier la cité Font-Vert très stigmatisée et enclavée, de créer une nouvelle trame urbaine sur la Cité SNCF, avec des interventions ambitieuses sur le patrimoine social, ainsi que sur les équipements.
À côté de grands ensembles d’habitat social gérées par des bailleurs, une des caractéristiques de Marseille est la présence de grande des copropriétés privées qui concentrent les difficultés sociales et financières : comme le Parc Corot. Cet ensemble de 376 logements nécessite une intervention publique forte mais plus complexe et plus longue.
Les chiffres-clés
le calendrier
- Avenant à la convention initiale pour permettre d’engager les projets sur les nouveaux secteurs : copropriétés du Mail, Font Vert / Cité SNCF, Grand Malpassé
- Une première convention validée par l’Anru pour finaliser le PNRU et engager les démolitions nécessaires à la conduite des opérations sur les nouveaux secteurs de projet
- Lancement de l’étude urbaine et sociale du Grand Saint-Barthélémy / Grand Malpassé
- Séminaire d’immersion de cinq jours qui a rassemblé une centaine d’acteurs
Financement
Convention NPNRU initiale (montant HT) déjà validée par l’Anru
- 55 M€ : investissements bailleurs (679 démolitions et 378 réhabilitations)
- 25 M€ : investissements de la Ville (école Bouge, plaine des sports, Maison pour tous Saint-Just)
- 33 M€ : investissement de la Métropole Aix-Marseille-Provence sur les aménagements et sur la copropriété Corot
- 13 M€ : Métropole Aix-Marseille-Provence sur l’ingénierie et les subventions
- 265 M€ : coût global du projet
- 90 M€ (73 M€ de subvention) : montant de concours financiers de l’Anru
Cette première convention sera complétée avec de nouvelles interventions présentées à l’Anru au premier semestre 2022
Les acteurs du projet
L’État, via l’Anru, impulse et finance les projets de renouvellement urbain et via l’Anah et le Plan d’initiatives copropriétés, programme les interventions sur les copropriétés dégradées.
La Métropole Aix-Marseille-Provence porte l’ensemble du programme de renouvellement urbain sur le territoire métropolitain depuis 2017 aux côtés de la Ville de Marseille.
La Direction opérationnelle de l’habitat et la mission renouvellement urbain de la Métropole, en coordination étroite avec les équipes de la Ville de Marseille, pilotent les opérations et la concertation en lien avec les équipes de la Politique de la Ville de la Métropole, en charge du volet social du projet.
Les équipes de maîtrise d’œuvre urbaine et sociale : D&A, soVille, La Compagnie des rêves urbains pour la concertation
Les maîtres d’ouvrage :
les bailleurs sociaux : Logirem, 13 Habitat, Habitat Marseille Provence, ICF ;
les concessionnaires d’aménagement : CDC habitat Copropriétés, la Soleam et les services de la Métropole et de la Ville de Marseille.
La maîtrise d’usage : les habitants, leurs représentants et les acteurs locaux et associatifs